15 octobre 2024

Système exogène et environnement

Nous avons du mal à accepter le simple fait que notre alimentation puisse avoir une influence sur notre santé et, comme si cela ne suffisait pas, d’autres facteurs viennent s’ajouter.

Le fait que notre alimentation puisse avoir une influence sur notre santé est de plus en plus intégré par des consommateurs avertis et soucieux de leur santé, mais il reste encore beaucoup de chemin à faire. Nous n’avons pas de voyants immédiats nous permettant de mesurer les conséquences de notre alimentation et il est extrêmement difficile d’imaginer les effets de tel ou tel aliment sur notre santé.
Lorsqu’on consomme un aliment, on peut se référer à la liste d’ingrédients afin de prendre connaissance de la nature du produit. C’est un exercice de style, certes, mais qui avec pratique, et accompagné d’un petit « non aux oranges carrées », devient très intéressant, informatif, voire répulsif sur certains aliments.
Mais la projection suivante qui permettrait d’intégrer l’environnement est extrêmement plus audacieuse… plus ambitieuse.
Nous traitons les problèmes milieu par milieu. Notre système de veille n’est pas du tout systémique. L’eau, l’air, le sol, les aliments sont autant de paramètres contrôlés de façons isolées. Aucune globalisation ne permet d’analyser les problèmes avec une vue d’ensemble et d’enrayer les maladies chroniques qui en résultent. Troubles du comportement ou de la reproduction, cancers, maladies cardiovasculaires, diabètes, asthmes sont autant d’indicateurs démontrant le paradoxe du paradigme existant.

André Cicolella, chimiste toxicologue du RES [Réseau Environnement Santé], insiste sur un point : « Il est important de soigner les gens, mais il est tout aussi important de faire en sorte qu’ils ne soient pas malades ».

Si l’on prend le temps d’écouter les médias, on se rend vite compte que l’augmentation de l’espérance de vie est devenue le symbole de l’arbre qui cache la forêt. Notre nouvelle longévité n’est pas la cause de l’aspect chronique de nos maladies, tout comme le tabac ou l’alcool.
Le 28 mai 2008, l’OMS a lancé un plan mondial de la lutte contre les maladies non transmissibles ! Étonnant, non ? En effet, les pandémies et effets transmissibles inquiètent, à juste titre, les organisations sanitaires mondiales, mais un sérieux réveil vient de se faire sur les MNT (Maladie Non Transmissible) afin de lutter contre le principal défi auquel l’humanité devra faire face. On voit déjà, nos médecins, notre médecine, désarmée contre ces maladies « auto-immunes », « chroniques », « illogiques », « inhumaines ».
La répartition de la mortalité des maladies est ainsi faite aujourd’hui :
– Concernant les maladies infectieuses, la mortalité est plus élevée dans les pays pauvres. (mais de peu).
– Concernant les maladies chroniques, la mortalité est plus élevée dans les pays dits « industrialisés ».
Ce constat vient d’une étude réalisée par l’OMS qui ne prend en compte que quatre facteurs : sédentarité, alcool, alimentation et tabac.
Imaginons une seule seconde l’ampleur du phénomène s’ils avaient intégré le facteur environnemental (physico-chimique).

Observons qu’un seul chiffre, cité par André Cicolella :
350 000 personnes atteintes d’un cancer en France.

C’est deux fois plus qu’il y a vingt ans !
L’argument de poids des bonnes consciences nous assène l’augmentation démographique pour justifier ceci. Mais alors, comment expliquer qu’entre 1990 et 2008, le nombre de nouveaux cas soit quatre fois plus important que le changement démographique et cinq fois plus pour le diabète ?

Lorsqu’on aperçoit le nom d’un produit chimique dans un aliment (ne parlons pas de tout ce qui n’est pas écrit et lié à sa production), j’entends souvent l’argument trop facile de la DJA : la Dose Journalière Admissible ! Cette mesure est un outil désuet et inadapté à nos sociétés. Rien ne prend en compte le fait que nous multiplions les aliments de ce genre et que la systématisation des additifs a rendu l’absorption bien plus fréquente que prévu.

André Cicolella insiste « Ce n’est pas la dose qui fait le poison, c’est sa période  [sa fréquence] »

Il faudrait revenir aux valeurs de la terre et arrêter notre industrie basée sur la chimie. Ce modèle est condamnable et condamné et doit laisser place à l’alimentation « native »

Sources :
Stefane Guilbaud « Non aux oranges carrées » Editions Tredaniel.
Propos d’André Cicolella recueillis par Virginie Félix, Jeanne Ferney et Olivier Milot  / Télérama 3191 / 9 mars 2011.
Marie Monique Robin, Documentaire « Notre poison Quotidien« 

2 réflexions sur « Système exogène et environnement »

  1. En effet, mais le seul frein à la permaculture reste… l’homme.
    Les associations qui oeuvrent en ce sens sont d’utilité publique, sans que l’on en ai encore conscience…

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