27 avril 2024

Huile de colza sous influence ?

Ah ! Depuis le temps que je fais des conférences, j’ai toujours eu du mal avec l’ultracrépidarianisme*, cette fâcheuse tendance de croiser des experts en tout genre et toute science. Ils savent !! Ils ont lu !! On leur a dit !!

Ceux qui connaissent mes livres, mes émissions, mes conférences savent que je me suis toujours efforcé de créer de la DÉSOBÉISSANCE ALIMENTAIRE uniquement basée sur des faits scientifiques indépendants et de surcroît SANS JAMAIS avoir été financé par n’importe quel biais que cela soit ! Je ne remercierais jamais assez Thierry (Éditions Thierry Souccar) de m’avoir fait confiance et pris sous aile pour la préface de mon premier livre et pour l’édition du second.

Mais revenons à nos influenceurs, jeunes vendeurs en herbe, aussi aveugles qu’inconscients sur certains sujets. Jeunes faiseurs de bruits nutritionnels prêts à tout pour engranger des milliers d’euros de bénéfices supplémentaires. Cette course à l’échalote construit un monde qui n’existe pas. Un monde où le gras ferait grossir, où les féculents à chaque repas seraient indispensables, où les jus de fruits seraient healthy, où le corps fonctionnerait sur le principe de la thermodynamique et non sur le principe des hormones, où les intolérances au gluten/lactose, d’abord décriées comme un phénomène de mode abscons, seraient résolues grâce aux produits spéciaux à base de laits végétaux riches en amidons et en ersatz à base de farines de riz, de pommes de terre et de maïs ou de tapiocas transformés.

Le sujet du jour c’est le Colza. Les medias influenceurs en remettent une couche. L’huile de colza serait « dangereuse » !? Tiens donc ? Dois t-on les croire ?

1 | Depuis 1970, le COLZA BASHING est une pratique courante !

Sur le site de « LaNutrition », Thierry Souccar nous donne une première piste. Le phénomène du « colza bashing » a émergé dans les années 1970, lorsque des études ont révélé que les rats nourris à l’huile de colza développaient des lésions cardiaques. Cette information a été amplifiée par les médias, en particulier en France, et a provoqué une forte opposition à la consommation de colza. Cependant, des problèmes sont apparus quant à la validité de cette opposition. Les effets supposément toxiques de l’huile de colza étaient liés à sa teneur en acide érucique, mais seuls les rats étaient sensibles à cet acide. De plus, il a été découvert que l’huile de tournesol et l’huile de maïs causaient les mêmes problèmes cardiaques chez les rats, ce qui suggérait que les rats toléraient mal toutes les huiles végétales.
Malgré ces découvertes, les agronomes se sont lancés dans une course pour modifier génétiquement le colza afin de réduire sa teneur en acide érucique. Les Canadiens ont été les premiers à réussir, ont produit une huile de colza contenant seulement 0,2 % d’acide érucique, qu’ils ont nommé canola. Lors de cette modification génétique, les Canadiens ont également éliminé les glucosinolates de l’huile de colza d’origine en raison de leur goût amer, ce qui a été considéré comme une décision malheureuse du point de vue nutritionnel, car ces composés ont des effets bénéfiques pour la santé.

2 | Une huile doit rester vierge !

Le second principal inconvénient des huiles industrielles reste qu’elles sont raffinées et désodorisées : l’huile de colza n’échappe pas à ce massacre. Elles subissent un traitement à haute température via une extraction des graines à l’aide d’un solvant appelé « hexane ».
Mettons-nous donc d’accord, nous ne pourrons parler que de bénéfices à propos d’une vierge, et si possible biologique.

3 | Bienfaits.

Pour un maximum de bienfaits au quotidien, pensez à mélanger de l’huile d’olive et de l’huile de colza dans une bouteille afin de donner un maximum d’équilibre à votre cuisine.
Côté santé, en consultant l’excellent site de lanutrition.fr,  nous apprenons que l’huile de colza est particulièrement intéressante pour la santé en raison de sa composition en acides gras. Elle est la seule huile qui apporte les acides gras dont notre organisme a besoin dans des proportions physiologiques, correspondant à nos besoins réels.
En termes de répartition des acides gras, elle contient principalement des acides gras mono-insaturés, mais aussi une quantité appréciable d’acides gras oméga-3. Ces acides gras essentiels se répartissent de la manière suivante dans l’huile de colza :
• 7 à 8 % d’acides gras saturés ;
• 63 % d’acides gras mono-insaturés, dont 61 % d’acide oléique ;
• 30 % d’acides gras polyinsaturés, dont 21 % d’acide linoléique (oméga-6) et 9 % d’acide alpha linolénique (oméga-3).

4 | Conclusion.

Aucun influenceur.se n’est arrivé.e à me faire jeter ma bouteille d’huile de colza. Il est navrant de constater qu’après la totale démission du gouvernement en matière de santé publique et d’alimentation, qu’après les multiples offrandes aveugles faites aux lobbys en embuscade à Bruxelles, nous subissons une troisième agression encore plus crétine et dangereuse via de multitudes de marques offrant des fenêtres de tirs à une myriade de blogueurs sans aucune espèce de déontologie et de discernement. Soyons vigilants quand on sait que l’huile n’est qu’une infime partie du problème alimentaire. Tous les aliments sont soumis à des anathèmes ou des bénédictions sans fondement. Trop de salles de sports ne jurent que par la fonte des calories absurdes et coaching nutritionnel vide de sens.

*Ultracrépidarianisme : comportement consistant à donner son avis sur des sujets à propos desquels on n’a pas de compétence crédible ou démontrée. Il peut être rapproché de la cuistrerie et très récemment des influenceurs en tout genre.

Laisser un commentaire