20 avril 2024

Eau du robinet… voyage en eau trouble ?

Concernant les pesticides dans l’eau du robinet, on peut apprendre sur le site de l’ANSES comment cette agence de sécurité sanitaire contribue à protéger la santé des consommateurs.
Un article public explique « Afin de garantir la santé du consommateur, l’Anses fournit à la Direction générale de la santé les repères scientifiques utiles à la surveillance de la qualité de l’eau du robinet. Pour cela, l’Agence met notamment en œuvre sa méthode pour identifier, parmi les métabolites de pesticides, ceux dont la présence dans les EDCH doit faire l’objet d’une attention prioritaire. […] La présence des substances actives des pesticides et de leurs métabolites dans l’eau potable est encadrée au niveau européen par la directive relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine. La directive 1998/83 CE, en cours de remplacement par la directive 2020/2184/CE, est déclinée en droit national. Elle inclut une surveillance étroite de la qualité de l’eau de consommation. »

Nous voilà rassurés ! Enfin comme souvent… pas longtemps.

Et pour cause, le dernier mot sur le sujet d’Alain Bazot, président de l’UFC – Que Choisir, ne va pas nous apaiser. Il vient remettre en cause la notion même de « surveillance étroite de la qualité de l’eau » par une pratique qui a déjà été « exploitée » par d’autres organismes et d’autres situations (Je pense en particulier aux rejets/normes des chaufferies biomasse, mais c’est un autre sujet). Sous le titre « Pesticides – Les pouvoirs publics reculent !« , voici le billet du 27 octobre 2022 :

En France, d’abord, où après l’émoi causé par les données de l’ARS soulignant que 20 % des Français avaient été exposés à une eau du robinet contenant des seuils trop élevés de pesticides et de métabolites (sous-produits de pesticides), l’ANSES (agence de sécurité sanitaire), par un tour de passe-passe, est venue « régulariser » la situation en maximisant les limites réglementaires de certains métabolites. En effet, en déclassant certains métabolites du métolachlore, en arguant qu’il n’y aura pas assez de données fiables sur la toxicité de ces substances, et donc en multipliant par 9 les limites réglementaires, cela « efface » de facto les non-conformitésCela ne change en rien la qualité de l’eau, mais les seuils dénoncés se trouvent désormais dans la limite autorisée… On ne s’attaque pas au cœur du problème, on se cache juste les yeux !

En Europe, ensuite, où, au moment où la Commission annonce un report de la révision du Règlement sur les substances chimiques (REACH), initialement prévue pour fin 2022, à fin 2023 (au mieux !) du fait de la crise en Ukraine, les parlementaires européens du groupe PPE ont clairement demandé à la Commissaire à la Santé de retirer sa proposition de Règlement sur l’usage durable des pesticides.

Décidément, l’urgence environnementale n’est pas la priorité des pouvoirs publics. Les lobbys de l’agrochimie se mobilisent pour faire rétropédaler la Commission européenne. Hasard du calendrier, ces annonces interviennent quelques jours seulement après qu’une initiative citoyenne européenne contre les pesticides a atteint le million de signatures, obligeant la Commission européenne à se positionner… Décidément, le décalage entre les décideurs et l’opinion publique est grand… Et le « Pacte Vert » annoncé par la Commission européenne à l’aube de cette mandature se vide cruellement de toute substance, laissant in fine les partisans d’une consommation responsable verts… de rage !

Sans mauvais jeux de mots, ce n’est pas la première fois que l’on découvre que l’eau manque de transparence. C’est un sujet délicat pourtant soumis à nécessité. Si l’eau potable est un bien précieux, elle subit néanmoins depuis plus de 50 ans, le résultat de pratiques devenues incontrôlables. Notre politique agricole ne pourra qu’enfermer le droit à l’eau potable dans un consensus intolérable. Chaque année qui passe devient un casse-tête pour la promesse d’une eau décente et exempte de problèmes. L’adoption massive d’une culture biologique résoudrait une large part du problème, mais là aussi, la communication ministérielle n’est pas en phase avec le terrain et sollicitations vers le conventionnel !

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