1 décembre 2024

La nouvelle conseillère du ministre de l’Agriculture

Dans mon dernier livre, intitulé «L’urgence de la désobéissance alimentaire», j’avais fait une brève allusion à Marc Fesneau et expliqué une réunion que nous avions eue, où j’avais tenté d’aborder la question du «lobbying» au sein des ministères. Je dois vous avouer que je n’avais pas obtenu de réponses satisfaisantes, ce qui m’avait laissé un sentiment d’opacité et de confusion désagréable.

En sachant cela, tout en lisant un article paru dans Le Point le 9 mai 2023, cet anecdote m’a remis en lumière un sujet des plus sensibles. Je cite «le ministère de Marc Fesneau a accueilli une nouvelle conseillère presse. Jusqu’alors, elle occupait le poste de directrice de la communication à l’ANIA (Association Nationale des Industries Alimentaires).»

Marc Fesneau se défend.
Mardi 9 mai, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a défendu la nomination de sa nouvelle conseillère communication. Celle-ci est issue de la principale organisation des industriels de l’agroalimentaire (ANIA). La nomination a été validée, avec des réserves, par la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP). La HATVP «a donné un feu vert» à la nomination de Sophie Ionascu, ancienne directrice communication de l’Ania, avec une limite : celle de ne «pas entrer en contact avec son précédent employeur», a déclaré Marc Fesneau sur France Info. «Elle est conseillère en communication, elle ne va pas être en charge du dossier industrie agroalimentaire», a rapidement balayé le ministre.

La Haute Autorité a rendu le 2 mai «un avis de compatibilité» concernant cette nomination, tout en l’assortissant de réserves «afin de prévenir tout risque d’ordre déontologique ou pénal. «L’intéressée devra se déporter de toute discussion ou décision concernant l’ANIA : elle devra en outre s’abstenir d’intervenir de quelque manière que ce soit, directement ou indirectement, dans toute décision relative à une opération intéressant cette association», selon l’avis consulté par l’Agence France-Presse.

Elle devra également «se déporter des rendez-vous et échanges organisés avec cette association». Ces réserves valent pour une durée de trois ans à compter de son départ de l’Association nationale des industries alimentaires. Sophie Ionascu a pris ses fonctions mardi au sein du cabinet de Marc Fesneau.

Interrogé sur sa nomination lors de son interview sur France Info, le ministre s’est agacé d’un «procès en conflit d’intérêts», mettant en avant la compétence de sa nouvelle conseillère : «Je peux aussi prendre des gens qui n’y connaissent rien, un chanteur d’opérette, comme ça il n’y aura pas de risque de conflit d’intérêts», a-t-il ironisé.

Le cabinet du ministre a enregistré plusieurs départs ces derniers mois, notamment au poste de conseiller communication. Le prédécesseur de Sophie Ionascu, Yoann Taieb, avait été nommé le 15 février 2023, et son poste était vacant depuis mi-avril. Sophie Ionascu a passé six ans à la communication de l’ANIA, dont près de deux ans comme directrice.

En matière de transparence et de communication, personnellement, ce ne sont pas les méthodes qui me rassurent le plus, mais je peux me tromper !

Et bien tiens, justement ! Ma crainte deviendrait-elle réalité ?
[MISE A JOUR DU 30 MAI 2023]
«T’as vu, j’ai dit du bien des pesticides !» :
Mercredi 23 mai, au Sénat, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, a lâché une phrase polémique, dans laquelle il semble se targuer d’avoir «dit du bien des pesticides».
Le 25 mai dans la soirée, le média Vakita, fondé par Hugo Clément, met en ligne une vidéo mettant en scène le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau et plusieurs sénateurs, interrogés au sujet de la disparition des oiseaux en Europe due à l’agriculture intensive. Les interviews, réalisées le 23 mai au Sénat après les questions d’actualité au gouvernement, sont au cœur de ce reportage.
Dès le début du documentaire, une brève séquence montre le ministre se déplaçant dans la salle des conférences, où les journalistes sont rassemblés. Lors de cet échange informel avec une femme, il laisse échapper ces mots : «T’as vu j’ai dit du bien des pesticides.» Son interlocutrice répond : «Oui, j’ai vu, j’ai vu !». Un autre dit : «C’est bien !».
Toutefois, face à la controverse, Marc Fesneau a réagi vendredi en début d’après-midi. S’exprimant directement à Hugo Clément dans un tweet, il apporte des précisions en déclarant : «La phrase ironique est adressée à l’une de vos consœurs de Public Sénat à l’issue de l’échange avec votre média, non en amont (bravo au monteur). Second degré qu’elle a parfaitement compris dans un sourire. Votre équipe a bien sûr saisi ce trait d’esprit (je n’oserai tout de même en douter) mais, si jamais cela vous semblait étrange, il aurait suffi de lui poser la question.»

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