19 avril 2024

L’aile ou la cuisse

Loin l’idée, dans nos assiettes, d’une conspiration qui nous mettrait en danger au quotidien. Loin l’idée d’une conspiration qui nous orienterait vers une alimentation digne des entreprises Tricatel, comme dans le film l’aile ou la cuisse …
mais très proche l’idée que le profit est bien plus puissant que la conspiration.

En 1976, Claude Zidi sortait son film « L’aile ou la cuisse », dont voici le synopsis pour ceux qui ne l’auraient pas vu est décrit par cinemovies.fr : « Le critique culinaire Charles Duchemin vient d’être élu à l’Académie française pour son ouvrage sur le goût et la cuisine. Son pire ennemi est l’infâme Tricatel empereur de la cuisine toute faite, dont le slogan est : “Ne mangez plus… bouffez !”. »

Cette fresque satirique sur fond de comique, m’avait marqué et j’ai commencé très jeune à m’intéresser à la nourriture et au respect de celle-ci pour que cela n’arrive jamais. Doux rêveur.

D’aucuns (il n’y a pas si longtemps que cela encore) lançaient en réponse à mes campagnes d’informations contre l’industrialisation de l’alimentation que je pouvais me fourvoyer en imaginant une sorte de complot contre l’humanité. Une machination diabolique qui proposerait à l’image des « soleils verts » d’un célèbre film américain, une logique imparable pour distribuer de façon massive le résultat d’une machination alimentaire qui n’existerait que dans ma tête.

Pour tout formateur ou consultant en changements de comportements alimentaires, il est évident que cela ne fonctionne pas comme cela, mais c’est vécu par la population comme un camouflet. Bien entendu, il est vrai qu’aucun complot ne se trame, mais l’effet « conspiratoire » est dû à la notion de profit engendré par l’alimentation et des pressions que cela peut représenter sur quiconque voudrait jouer au grain de sable.

Explication d’un scénario qui ne cesse de s’aggraver !

Le magazine télévisé « Pièces à conviction, n°78 « , animé par Élide Lucet, s’est emparé ce lundi 21 juin 2010 de sujets que nous dénonçons régulièrement dans le changement de comportements alimentaires, dans cette lutte contre le nutritionnisme ambiant.

Au menu,

• Les fraises de Welba, en Espagne.

Alors que le bromure de méthyle est interdit depuis mars 1990 en Europe, une dérogation a été faites, pour l’Espagne et cela l’autorise à utiliser cette substance chimique très controversée.
Alors que les contrôles sanitaires interrogés démentent toute utilisation de ces produits. Lors du reportage, deux barquettes analysées contenaient 2,7 mg de bromure de méthyle.
Alors qu’il se dit encore que ce n’est pas possible que l’Espagne est pu avoir cette dérogation, notre ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, en plus de ne pas démentir répond simplement à Élise Lucet qu’il ne sait pas pourquoi une telle autorisation a pu avoir lieu ?

Solution : Elle reste identique au message claironné sans cesse depuis toutes ces années. Pas de produits hors saison et privilégier les productions locales. À propos des fraises. Si nous devions établir une liste des fruits à consommer de préférences Bio (en raison de la pénétration des pesticides et l’impossibilité de peler quoi que ce soit), la fraise serait en premier de celle-ci. [Je proposerai une liste prochainement]

• Le saumon

Lorsque un produit devient à la mode, il devient souvent dangereux. C’est une sorte de boucle infernale qui s’opère systématiquement. Fraudes, vols, étiquetages douteux, cultures intensives rentables … sont autant de sujets que la répression des fraudes [DGCCRF] attribue facilement aux produits phares, ses vedettes qui font exploser les portes-monnaies.

Le saumon n’échappe pas à cette règle. Je dénonçais déjà les repas de fêtes « annualisés », avec le saumon fumé que l’on a voulu servir sur toutes les tables … toute l’année. Il faut comprendre que ce genre de besoins créent vite une envie de se positionner sur un marché dopé à la force de vente et que l’achat marchandise est une clé de voute dans la rentabilité d’une entreprise. Un marché en hausse engendre des profits et les demandes engendrent des productions massives désastreuses pour la planète ou le bien-être des animaux. La mode des sushis a multiplié la demande en saumon. Je vous laisse imaginer.
Ces poissons parqués de plus en plus nombreux se retrouvent confrontés au même problème de surpopulation que les poules ou les porcs. Cette concentration favorise les maladies à grande échelle. Les poux du saumon devenant de plus en plus un problème sanitaire et économique, les éleveurs Norvégiens font appel à un pesticide le « Diflubenzuron ». Vous avez bien lu. Un pesticide donné avec la nourriture pour les saumons, car les éleveurs de saumons sont dépassés par ce parasite.

Avec une consommation moyenne de 170 000 tonnes de saumon par an, la France en consomme presque 100 000 tonnes en provenance de Norvège.
Toute faune se situant aux alentours des filets de poisson, succombe à cette potion maléfique. Est-ce censé être rassurant pour nos assiettes ?

Solution : Choisir précautionneusement son poissonnier. Un vrai, qui reste amoureux de son métier !! Loin des étals mercantiles de certaines enseignes. Revenez à des poissons oubliés, peu onéreux et oubliés du « star-system ». Concernant le saumon, orientez-vous vers des labels rouges reconnus par les tests d’associations de consommateurs et les labels biologiques. Tout n’est pas rose au pays du saumon, mais le bio reste le moindre mal.

• Le cochon

Presque mon cheval de bataille ! Dans mon livre, dans mes conférences, mes passages télé, je dis à qui veut l’entendre que je suis un fils de boucher charcutier et je ne peux pas comprendre que l’homme puisse faire subir cela à un animal. Mon père, en 40 ans de carrière, a toujours eu un profond respect pour la vie et la dignité animale et cela serait bien que cela continue.

Mais où va l’homme ? Il se tue à petit feu en administrant des antibiotiques pour jouer les rôles de facteur de croissance. La machine infernale a commencé dès 1940 avec les abattoirs de Chicago et cela ne s’est jamais arrêté. L’industrie de la viande industrielle est un scénario catastrophe qu’il faut revoir complètement. Consommation de ressources excessive, maltraitances, maladies professionnelles cachées, risques pandémiques permanents. Fabrice Nicolino propose 380 pages terrifiantes avec « Bidoche, l’industrie de la viande menace le monde » aux éditions « Les liens qui libèrent ».
Nous consommons 4 fois plus de viandes qu’il y a 20 ans.

Solution : Presque une rengaine … Mangez peu, mangez mieux. La solution est dans la viande biologique, en excluant les viandes de réforme (y compris en bio).

• Les volailles

Un seul mot. La « Tétracycline »  reste un antibiotique qui a été repéré comme dangereux, suite à une étude menée sur des chiens de type Colley, dont les dents s’abimaient en ingérant des carcasses de poulets industriels. Des témoignages accablants décrivent la situation de ces animaux, parcourez-les.
Nous consommons 10 fois plus de volailles qu’il y a 20 ans.

Solution : Comme pour toutes les viandes, même alternative. Privilégiez la qualité biologique à la quantité industrielle.


Bref. Tout cela n’est rien à côté de la petite blague que Élise Lucet a souhaité faire à Bruno Lemaire, en lui tendant une assiette joliment décorée de produits traités dans le sujet. Saumon, poulet, jambon. Autant de produits que notre ministre de l’agriculture a refuser de consommer sur le plateau.
Mais il ne s’est pas caché derrière une excuse bidon, qui pourrait laisser croire qu’il n’était pas de bon ton de manger sur un plateau pour répondre à une petite provocation journalistique .. non, non. Il propose comme motif, à son refus de goûter aux aliments proposés pour la deuxième fois « Sans façon, je vous proposerais mes produits la prochaine fois, cela sera sûrement meilleur !!« .
Tout est dit.

Pour finir, lors de ce reportage, Romain, Jean-Pierre et Caroline se sont prêtés au jeu de consommer un menu spécifique pendant 10 jours et je vous propose les résultats qui sonnent comme un constat « anti nutritionnisme » en faveur d’un changement de comportements alimentaires, loin des régimes marketing amaigrissants, soit-disant équilibrés ou bénéfiques pour votre santé.

Le test est sous un protocole mis au point par le Dr Patrice Halimi.
Description de leurs achats et des résultats :

1) Jean Pierre :
– Produit Discount. Bons marchés et importés hors saison.
– Le médecin constate qu’il a mangé gras avec 7 fois plus de conservateurs et de colorants. Son urine dévoile un taux d’acide hippurique 3 fois plus élevé.
– Jean pierre se décrit comme se sentant lourd. Il dit avoir la sensation d’avoir toujours besoin de manger et ne jamais être rassasié.
– Il a pris environ +2 kg

2) Romain :
– Produit « Bio » exclusivement.
– Le médecin constate qu’il a mangé moins gras et que son urine dévoile un taux d’acide hippurique divisé par deux.
– Romain décrit son aventure de la sorte. J’ai mangé des aliments qui avaient plus de goût, mais plus cher. Par contre, il se sentait mieux (sans mesurer si il s’agissait de l’effet placebo), avec un sentiment de manger plus cher, mais mieux et du coup … moins. Dans les contraintes, il reconnait que la société n’est pas faite pour tout cela et que c’est difficile à appliquer.
– Il a perdu 2kg

3) Caroline :
Rien n’avait été changé dans son alimentation variée et rien na changé dans ses analyses. Caroline a servi de test pour étalonner la notion de changement de Jean-Pierre et Romain.

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